Votre cheval est en surpoids, a un bon embonpoint… PAS DE PANIQUE :)
L’étape 0 : faites l’état des lieux de la situation
Pour bien connaitre cette notion de surpoids, je vous invite :
Calculer le poids vif de votre cheval via le simulateur IFCE (avec mesure du Périmètre thoracique (PT) et de la hauteur du garrot (HG) https://simulation.ifce.fr/poids_vif
Noter la NEC (la Note d’Etat Corporel de votre cheval), via également le simulateur IFCE https://simulation.ifce.fr/noteetatcorporel
Ces 2 indicateurs sont à regarder toutes les 2 semaines à 1 mois pour voir l'évolution de votre cheval.
Calculer les besoins de votre cheval et analyser sa ration actuelle : https://simulation.ifce.fr/ration-cheval Normalement, vous verrez peut être que votre cheval mange trop d'énergie par rapport à ces besoins :)
Le fourrage à volonté : et si ça marche pas avec mon cheval ?
Si votre cheval est au foin à volonté, il se peut qu’il grossisse quand même. Nous sommes dans le cas d’un cheval appelé de « bon valorisateur » (Easy keeper en anglais). Vous pouvez lire l’article correspondant à la question « Faut-il donner du foin à volonté à mon cheval ? » pour en savoir plus. Pour les chevaux à tendance embonpoint (comme probablement votre cheval ici), donner du foin à volonté c'est trop. Souvent, ils sont capables d’ingérer bien plus que leurs besoins (par exemple, un cheval mange 15 kg de foin par jour alors que ces besoins pour ce même foin seraient de 9 kg).
Quelque leviers à mettre en place pour faire maigrir son cheval
A) Modifier la ration alimentaire de votre cheval
A.1. Diminuer la qualité nutritive du fourrage distribué à volonté
La première solution consiste à distribuer du foin, toujours à volonté, mais de qualité nutritive la plus faible possible.
a) Si vous le pouvez, jouez sur la récolte du foin :
Date de récolte : Récolter votre foin plus tard dans l’année (si cela est possible). (Préférez fin juin ou mi-juillet au lieu de début juin par exemple). En effet, plus le foin est fauché tard, moins il est riche en éléments nutritifs et riche en fibre.
Moment de fauche dans la journée : Si l’herbe fauchée tôt le matin, elle est beaucoup plus riche en sucres que l’herbe de l’après-midi. Donc, faites l’inverse de vos voisins, faucher à l’aube du matin (après la rosée si possible).
b) Si vous ne pouvez pas jouer sur la récolte du foin : trouvez, sur le marché, un foin de moindre qualité nutritive
Rechercher un fourrage "plus pauvre" sur le marché : par exemple un foin de prairies naturelles à fauche tardive (éviter les prairies artificielles avec du ray grass ou un fourrage de 2ème coupe souvent plus riche que la première).
ATTENTION, quand je dis qualité nutritive, ce n’est pas qualité sanitaire : le foin ne doit pas être pourri, poussiéreux… il doit rester nickel :)
c) Supprimer les enrubannés et ensilage dans la composition du fourrage.
Ces fourrages sont beaucoup trop riches pour votre cheval qui grossit. Supprimez les totalement de la ration.
d) Possibilité de substituer une partie de la ration avec de la paille
Vous avez également la possibilité de donner de la paille à votre cheval. Vous pouvez distribuer cette paille à volonté, avec ou sans filet ou de manière rationnée. En fait, il est primordial de ne pas pas dépasser 1/3 de de paille dans la ration de fourrage. Par exemple, si les besoins de votre cheval sont de 9 kg/jour (en matière sèche), ne pas dépasser 3kg de matière sèche de paille. Il faut donc adapter le mode de distribution de la paille en fonction de votre cheval.
A.2. Diminuer la quantité de foin ingérée par jour
a) Ne pas rationner le fourrage en le mettant au sol
Prenons l’exemple du cheval qui a besoin de 9kg de foin par jour. Il a été montré qu’un cheval met environ 40 mn pour manger 1 kg de foin posé au sol, soit environ 6h. Comme évoqué au début de cet article, le cheval devrait passer idéalement 16h à manger/chercher de la nourriture et de préférence en marchant. Bon étant dire que là on est mal.
De plus, si vous distribuez le foin que 2 fois par jour, imaginez les périodes de jeune longues : elles seront bien supérieures à 6h par jour (le maximum recommandé).
Vous pourrez donc avoir des soucis intestinaux (ulcères, coliques…) en plus d’une modification néfaste du comportement de votre cheval (il se jette sur la nourriture, devient agressif…).
En conclusion, rationner le foin en le posant au sol n’est pas la solution à envisager.
b) Le slowfeeding : une solution à envisager pour les chevaux « gros » avec distribution à volonté ou rationnée
Avez vous déjà entendu parler du slowfeeding (« manger lentement » en anglais) ?
Il s’agit simplement de mettre un filet sur le foin pour que le cheval passe plus de temps à manger (diminuer la vitesse d’ingestion) voire diminuer la quantité de foin mangée par jour.
Vous pouvez dans un premier temps mettre un grand filet sur une balle de foin, et laisser toujours le foin à volonté, mais sous filet. Cela va diminuer grandement l’ingestion de votre cheval (chez moi, après un test fait sur 2 chevaux ensemble, ils ont diminué leur consommation journalière de presque 50% passant d’une botte par semaine à 1 botte toutes les 1,5 semaines).
Si ça ne suffit pas et que votre cheval mange toujours trop de foin avec un filet, il vous reste quelques solutions (pas de panique, il en reste :)), comme par exemple :
essayer avec un filet à maille plus petite avec du foin à volonté : attention à la frustration de votre cheval. Cela n’est pas toujours recommandé et une solution efficace…
donner du foin rationné sous filet (cela demande de la main d’oeuvre quotidienne et du temps, une routine à mettre en place…, mais ça fonctionne bien :))
c) Rationner le foin avec un DAF voire avec DAF + Slowfeeding
Il existe des systèmes de distribution des foins automatiques (appelés DAF : Distributeurs Automatiques de Foins). Une trappe s’ouvre et se ferme à heures définies permettant à l’humain de contrôler l’accès au foin sans y être constamment. Cela peut être une solution, mais ne diminue pas vraiment le temps d’ingestion de la nourriture, cela modifie juste les temps passés à manger. Il peut néanmoins être associé au slowfeeding.
PS : Les coûts investissements sont très importants et la fiabilité pas toujours au rendez vous. J’ai lu une étude scientifique sur un système d’un râtelier peu fiable. Sinon, les systèmes présents dans les écuries actives fonctionnent bien et semblent fiables (à voir dans la durée).
d) Attention à l’herbe
Oui l’herbe peut être trop grasse selon les périodes de l’année. Il y a beaucoup de choses à dire sur le sujet, voici quelque notions
Ce qu'il faut éviter :
l’herbe rase est RICHE pour les chevaux. Ce n’est pas parce que il n’y a apriori rien à manger dans le paddock, qu’il n’y a rien : et oui l’herbe pousse en continue et le cheval la mange en continue. Et en plus tous le sucre se concentre sur la base de tige, cette herbe rase est donc super riche et apporte finalement peu de fibres.
l’herbe du début de saison (début de printemps ou début automne) est riche en sucres et en fructanes (le fructane est un sucre, en partie responsable en partie des fourbures).
Pas de pâturage en période de gel et sécheresse : les fructanes sont aussi là… et en grande quantité aussi !!
Ce qu'il faut privilégier
Après le passage de bovins ou de chevaux à forts besoins et pas trop longtemps sur le paddocks (il mange les reste et les refus, et vous l’enlever directement (ne laisser pas votre cheval plus de 5-7 jours, l’herbe aura commencé à repousser)
Une herbe à un stade avancé mais non stressée (si sécheresse = riche en fructanes), au moins de juin par exemple ou l’herbe est au stade floraison - épiaison, mais n’a pas connu de forte sécheresse
Les jours de pluie (bon ok c’est pas idéal pour les sols) : en fait, l’herbe est riche en sucre et en fructanes les jours de soleil (à cause de la photosynthèse), préférez donc les jours de pluies où la plante produit peu de sucres
Les matins : l'herbe est la moins riche en sucre à l'aube, et réaugmente dans la journée pour atteindre le max en fin de journée et en soirée. Donc préférez le pâturage tôt le matin (voire dans la 2ème partie de la nuit).
A.3. Pensez aux concentrés et aux compléments alimentaires
a) Supprimer l’alimentation en concentrés
Si votre cheval a des concentrés dans la ration, il conviendrait de les supprimer complètement. Si vous souhaitez tout de même donner quelque chose à manger 1 ou 2 fois par jour à votre cheval (gestion en troupeau par exemple), vous pouvez donner des fruits, des aliments « concentrés » riches en fibre à base de foin séché, ou encore une très mini poignée de concentrés. PS : si votre cheval est dominant au pré, attention qu’il n’aille pas manger la ration des copains :)
b) Ne négligez pas les apports oligoéléments, vitamines et minéraux
Souvent des carences existent. Vous pouvez faire un bilan complet en contactant un nutritionniste.
B) Augmenter les dépenses de votre cheval
B.1. Plus de travail
Si vous en avez la possibilité, il serait génial de sortir plus votre cheval, le faire travailler d’avantages. Attention, un cheval « gros » s’essouffle et se fatigue vite. Il n’est pas question d’aller tout le temps au bout de ses limites. Cela nuirait à sa santé.
Si vous pouvez suivre ses constantes (cardiaques par exemple) lors de l’entrainement, c’est idéal (avec le capteur Equisense ® par exemple). Cela vous permettra d’adapter l’intensité de la séance en fonction du cheval. Comme toujours, il faut être PROGRESSIF.
Pas besoin de faire une séance montée tous les jours, mais une sortie dans un rond de longe en liberté ou en longe aux 3 allures, une petite sortie en main où vous marchez / courrez avec votre cheval, une petite sortie où vous faites du vélo et du roller et votre cheval est à côté de vous…
B.2. Créer un environnement riche dans son espace de vie
a) Eviter la solitude de votre cheval
Déjà, les études montrent que vivre en groupe c’est mieux pour le moral des chevaux. Si le cheval est avec un copain dans le pré, peut être bougera-t-il plus ? Peut être pensera-t-il moins à manger, mais plus à faire des gratouilles ou à suivre son copain pour faire des bêtises avec lui ?
b) Créer une équipiste
Le concept d’équipiste est simple : séparer les points d’intérêts dans un pré et créer des pistes de 3m minimum à 6m de large entre ces points (plus c’est étroit, plus ils passent vite dans la zone, attention à la sécurité des chevaux : pas de cul de sac, le cheval doit pouvoir faire 1/2 tour et croiser les dominants sans soucis…). Bref il faut designer votre pré !
PS : Si les points d’intérêts ne sont pas bien séparés, les pistes trop longues, les points d’intérêts pas assez intéressants, cela ne sera pas efficace (d'après les études scientifiques menées). Il faut bien observer son cheval et son comportement.
Les points d’intérêts sont par exemple : distribution du fourrage, paddock en herbe, point d’eau, abris (naturel ou artificiel)…
L’idéal serait même d’avoir plusieurs points d’alimentation : par exemple disposez des filets à foin à plusieurs endroits de la piste (quand cela est possible).
Si vous rationnez le foin (selon les critères vus précédemment), prévoyez plusieurs petits filets et disposez les à plusieurs endroits dans le pré
Si le fourrage est à volonté, peut être mettre deux balles de foin à 2 extrémités du pré ?
Si vous distribuer du foin et de la paille, mettez par exemple les 2 fourrages éloignés ?
Eloignés l’accès au paddock en herbe et l’alimentation foin/paille
PS : le concept d’équipiste est GENIAL pour héberger les chevaux (gros ou non d’ailleurs). Plus je le découvre, plus je l’adopte :) Attention néanmoins, car faire passer vos chevaux sur une zone du pré toujours au même endroit va entrainer des problématiques de boues (surtout en hiver et les jours de pluies). Vous pouvez penser à la stabilisation au moins des zones principales (avec du béton, dalles, sable, cailloux…) voire de toutes les pistes (pour les gros budget…).
c) Enrichir le pré de votre cheval pour l’occuper à faire autre chose que manger
En plus des zones essentielles (abris, nourriture, eau…)
Là, on va chercher les idées dans le paddock paradise et les équipistes.
Zone de roulade en sable
Haie fourragère avec quelques essences non toxiques (attention à bien regarder les arbres et espèces présentes dans le pré).
Zone de grattoir : disposez des brosses sur un piquet solide par exemple
Zone de « surprises » : créer un endroit avec des ronds de bois ou des pierres et cachez y régulièrement des bouts de pommes, des carottes, des trucs à manger (pas trop de calories dedans du coup), des herbes aromatiques, des branches de noisetiers par exemple… Et après essayer des trucs non alimentaires : mettez une frite de piscine, un ballon de yoga, un dispositif de moutain mrail (des barres en bois sur la piste, des ponts, des pneus…). Bref soyez imaginatifs et surprenez-les. En plus ils travailleront tout seuls :)
Zone de pierre à sel : ESSENTIELLE : il faut une pierre à sel à volonté pour votre cheval. Un truc simple, du sel de Gérande est parfait. N’achetez pas les pierres d’Himalaya (impact écologique bof) ou des trucs trop industriels (souvent avec de la mélasse dedans : ce sont des sucres…).
Distribuer un petit peu de concentré / ou des pommes/carottes à des heures non fixes pour que vos chevaux viennent au son de votre voix à tout moment de la journée et favorise ainsi leur déplacement.
…
Conclusion
Vous avez donc un petit aperçu des idées que vous pouvez mettre en place pour limiter l'embonpoint de votre cheval et/ou le faire maigrir.
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