Le cheval n'est pas conformé pour être monté…
Deux observables incompatibles avec l'équitation
En observant un cheval dans sa locomotion naturelle, nous pouvons constater notamment deux choses :
Une surcharge de l’avant-main
Un dos creux
Ces deux éléments sont incompatibles avec l’équitation.
Concernant la surcharge de l’avant–main,
il est important de rappeler que le cheval ne possède pas de clavicule. Ce sont des sangles musculaire puissantes qui permettent de :
tenir le tronc au-dessus des antérieurs (muscles de soutien du tronc au-dessus des antérieurs)
tenir les antérieurs au tronc (muscles de solidarisation des antérieurs au tronc)
Le cheval dispose naturellement d'une surcharge sur cette avant-main. On dit généralement qu'en position statique : 60 % du poids est réparti sur l'avant main et 40 % sur l'arrière main. Imaginez donc, en mouvement ! En effet, lors des allures vives et également lors du saut d'obstacles, les muscles des antérieurs sont grandement sollicités pour amortir les mouvements.
Maintenant, mettons un cavalier sur le dos du cheval : le cavalier sera positionné surtout sur l'avant main (plus spécifiquement au niveau de la clé de voûte située entre la 13e et 14e vertèbre dorsale). Ce cavalier va donc davantage surcharger l’avant–main.
Une surcharge excessive de l'avant main provoquera ainsi un épuisement anormal des muscles associés à l'avant main ainsi que des lésions possibles au niveau des articulations des antérieurs.
Concernant le « dos creux »
Ici, il est important de revenir sur l'anatomie du cheval et notamment de sa colonne vertébrale. Cette dernière, également appelée le rachis, est composée de vertèbres particulières. En effet, elle dispose d'un corps vertébral associé à des processus épineux et transverses : ce sont des pics osseux situés horizontalement et verticalement le long du corps vertébral. Quand le dos est creusé, on dit que le rachis est en extension : les processus épineux (les pics osseux verticaux) se rapprochent. Cela pourra provoquer des conflits de processus épineux. Il pourra alors s'agir de lésions dorsales importantes au niveau du dos.
Imaginez ensuite, que l'on ajoute un cavalier sur ce dos creux, ce dernier va donc renforcer le creusement du dos
C'est pourquoi, monter un cheval qui creuse son dos est synonyme de maltraitance.
Voici un petit schéma pour comprendre ce mécanisme naturel anatomique.
Dans sa locomotion naturelle innée, le moteur du cheval est son bloc tête - encolure
Prenons le temps d'observer un cheval au naturel. Juste avant de bouger ses pieds, vous verrez sa tête et son encolure se baisser. Juste avant de s'arrêter ou de ralentir, vous verrez que le cheval lève la tête et son encolure.
Lorsque le cheval avance, il baisse la tête, il va donc naturellement surcharger son avant-main.
À l'inverse, quand il ralentit, il va remonter son bloc tête–encolure pour mettre du poids derrière et favoriser le ralentissement, il va donc mettre sa colonne vertébrale en extension : le dos va naturellement se creuser.
Vous pourrez donc constater que dans son schéma locomoteur inné, il n'y a rien qui ressemble à de l'équitation… En effet, en équitation nous voulons que notre cheval reste en équilibre et qu'il engage ses postérieurs pour ralentir et pour avancer, qui ne surcharge pas à son avant-main et conserve un dos rond… On peut donc voir ici que le schéma locomoteur inné du cheval ne sera pas le même que le schéma locomoteur du cheval monté.
C'est pourquoi, j'aime dire que le devoir du cavalier est d'apprendre au cheval l'équitation et notamment de l’aider à modifier son schéma locomoteur inné pour pratiquer l'équitation sans se faire mal.
La posture équestre et le schéma locomoteur du cheval monté
En équitation, nous allons chercher à "modifier le schéma locomoteur du cheval" afin qu'il puisse notamment conserver un dos rond et alléger son avant-main.
Trois éléments seront essentiels quelque soit l'attitude quelque soit la discipline quelque soit le cheval…
A) La mise en tension de la ligne du dessus
Le cheval qui se déplace avec un dos rond, possède par définition une flexion de la colonne vertébrale. Cette position du dos provoque un écartement des processus épineux des vertèbres dorsales et lombaires (voir plus haut le schéma).
Pour permettre une flexion de la colonne vertébrale, nous parlons communément de la mise en tension de la ligne du dessus.
La mise en tension du dos permet notamment de tendre les ligaments dorsaux. En fait, le cheval dispose de ligaments dorsaux, situés au-dessus de la colonne vertébrale, sur le dos. Il s’agit du ligament nuchal (de la nuque jusqu'au garrot) suivi des ligaments supra–épineux (du garrot jusqu'à la croupe).
La mise en tension de ces ligaments permet le tassement des corps vertébraux, une rigidification du dos et donc la transmission de l'énergie postérieure vers l’avant.
Comment mettre en tension la ligne du dessus ?
Simplement, nous allons mettre en tension cette ligne du dessus par l’avant main et par l'arrière main :
Par l’avant main : le cheval va mettre son bout du nez vers l'avant et vers le bas afin de mettre en tension le ligament nuchal (on dit communément que le cheval va venir "pousser dans son mors" ou encore "venir chercher le contact" en avant et vers le bas. Évidemment, si le cheval n'a pas de mort dans la bouche, cela reste pareil)
Le cheval va engager ses postérieurs sous la masse afin d'étirer le ligament supra-épineux au niveau de l'arrière-main.
Il est important de noter que quelque soit l'attitude du cheval, c'est-à-dire une attitude avec une nuque au-dessus du garrot (position de dressage de type rassembler) ou alors nuque en dessous du garrot (type western), la mise en tension de la ligne du dessus doit toujours avoir lieu : le cheval va donc toujours chercher à tendre la ligne du dessus en poussant son bout du nez vers l'avant et vers le bas et en engageant ses postérieurs sous la masse.
B) la remontée du garrot
Une fois que la ligne du dessus est tendue, le dos est rigide. La sangle de suspension du tronc au-dessus des antérieurs peut donc fonctionner et faire remonter le garrot sur ce dos afin d'alléger l’avant main.
Il est important de noter que pour alléger l'avant main, les muscles de suspension du tronc au-dessus des antérieurs doivent absolument fonctionner (rappelons que le cheval n'a pas de clavicule et que ce sont ses muscles qui lui permettent de maintenir son thorax au-dessus de ses pieds).
Évidemment : l'allégement de l'avant main se fait également grâce à l'engagement des postérieurs et rigidification du dos : si le cheval engage ses postérieurs sous sa masse en remontant son garrot, cela provoquera inévitablement une désurcharge de l'avant main et une surcharge de l’arrière–main (on parle communément du recul de centre de gravité).
C) La contraction des abdominaux
Pour renforcer le phénomène de flexion de la colonne vertébrale, porter le cavalier ou encore pour contenir la masse viscérale, les contractions des abdominaux sont essentiels.
On dit souvent que pour avoir un dos remonté et tendu, il faut que le ventre soit également remonté et tendu.
En conclusion, vous avez ici les trois composantes essentielles (ABC) d'une bonne posture équestre. Évidemment, ce n'est pas tout, il faudrait par exemple parlé de la cession de la mâchoire tout à fait essentielle également…
Atelier pour l'humain
Je vous invite grandement à imiter votre cheval :
Mettez-vous les 2 mains et les 2 pieds au sol.
Mettez artificiellement du poids sur vos mains, comme le fait le cheval en baissant la tête.
Cherchez donc à voir comment vous pouvez alléger cette avant-main et rester en équilibre ?
Solutions :
Vous remarquerez que vous pouvez d'une part remontrer votre « garrot » c'est-à-dire écarter vos omoplates et arrondir votre dos en partie haute,
Vous constaterez que vous pouvez également engager vos postérieurs (c'est-à-dire mettre vos pieds plus sous votre ventre)
Vous remarquerez qu’en contractant les abdominaux vous favorisez également la flexion de votre colonne vertébrale et vous retrouvez alors plus en équilibre.
Il ne vous reste plus qu'à tendre votre bout du nez vers l'avant et vers le bas en conservant vos abdominaux, la remontée du garrot, l'engagement des postérieurs.
Vous venez de comprendre le schéma locomoteur du cheval monté :) et vous constaterez peut-être que cela demande des muscles "costauds" pour tenir cette posture (rappelons que cette posture n'a rien dîner pour le cheval)
Conclusion
Voici donc un résumé très succinct permettant d'expliquer que le cheval n'est pas du tout conformé pour être monté, que ce soit dans son anatomie ou dans son schéma locomoteur inné. C'est pourquoi, il est essentiel d'apprendre au cheval à modifier son schéma locomoteur afin de pouvoir nous porter sans se faire mal.
Cela passe par des apprentissages de la posture équestre mais également un renforcement musculaire. Il faut donc sélectionner des exercices cohérents et successifs permettant à la fois de :
décomposer les apprentissages pour le cheval pour lui apprendre la posture (une école motivante et intéressante pour le cheval)
renforcer progressivement sa musculature et lui permettre de nous porter de plus en plus longtemps sur le dos grâce à ses muscles.
Clique sur l'image pour visionner la vidéo (10 mn).
Cela est valable pour tous les chevaux quelque soit leur discipline.
Fin 2023, les écuries vous proposerons de nouveau son fameux stage locomotion (qui a beaucoup plus aux stagiaires!), afin de pouvoir diagnostiquer les problématiques locomotrices de votre cheval et de pouvoir améliorer sa locomotion.
Un programme d'accompagnement individualisé pour vous et votre cheval vous sera également proposé pour début 2024 (programme d'une durée de 6 mois pour améliorer la locomotion de votre cheval, le muscler et renforcer sa motivation).
N'hésitez pas à vous promenez sur ce site internet où tout est détaillé :)
Et évidemment, n'hésitez pas à me contacter directement pour toute question ou demande d'informations :)
A très vite !
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