Comment mon cheval apprend ?
Quelques notions intéressantes à savoir.
Qu’est ce que l’apprentissage ?
C’est une modification durable du comportement d’un individu comme résultat d’une expérience passée, exprimée par l’animal après exposition à un stimulus environnemental (source : IFCE).
En résumé :
Un stimulus provoque une modification du comportement.
C’est durable : à chaque fois que le stimulus arrive, le cheval modifie son comportement.
Il existe 2 grandes catégories d’apprentissage : l’apprentissage associatif et le non-associatif :
dans le cas de l'apprentissage associatif : mon cheval va se mettre en mouvement suite au stimulus = il associe le stimulus et une réponse (mouvement). Je vais donc modifier durablement son comportement = « merci de donner cette réponse quand tu as ce stimulus ».
dans le cas de l’apprentissage non associatif : je vais apprendre à mon cheval à ne PAS associer un stimulus et une réaction de sa part. Je vais donc modifier durablement son comportement = « merci de ne pas bouger quand tel truc arrive ».
L’apprentissage associatif : association mentale
Il existe deux sous-catégories : le conditionnement opérant et le conditionnement classique.
A) Le conditionnement opérant est basé sur les renforcements.
Le cheval fait une association mentale entre un stimulus et une réponse comportementale. Pour cela, le cheval doit être motivé on utilise alors des renforcements (négatifs et positifs).
Plus le renforcement est bien utilisé, plus le cheval apprendra vite (j'aime rappelé que les chevaux apprennent TRES TRES vite).
Renforcement positif : on ajoute quelque chose de positif une fois le comportement désiré réalisé.
Ce quelque chose de positif c’est, par exemple : aliments (renforcement primaire) ou des caresses/gratouilles exactement là où il aime être gratté. Mais c'est aussi les renforcements positifs secondaires : la voix qui dit "c'est bien", ou une gratouille sur l'encolure ou une caresse virtuelle.
Exemple concret : mon cheval recule, je lui donne une carotte.
Attention : pour que le renforcement positif fonctionne, il faut très très peu de temps entre le comportement et le renforcement (les scientifiques parlent de moins de 10 secondes).
Renforcement négatif : on enlève quelque chose une fois le comportement désiré obtenu
Exemple concret : je presse les mollets (=c'est le stimulus), mon cheval avance (= il a répondu au stimulus) j’arrête de presser les mollets (= c'est le renforcement négatif = j'ai enlevé un truc).
A savoir : il n’y a pas de terme péjoratif dans le mot « négatif », il s’agit uniquement d’un terme mathématiques (puisque l’on enlève quelque chose dans le négatif, et on ajoute quelque chose dans le positif).
Dans le cas d’un apprentissage, il est possible d’utiliser les deux renforcements en même temps.
Exemple : je demande à mon cheval d’avancer en pressant les mollets, il avance, donc j’arrête puis je lui donne une carotte ou une caresse.
Dans le contexte de cet apprentissage :
nous allons chercher à provoquer le comportement voulu par HASARD (en évitant à tout prix le stress et la fuite du cheval) en METTANT un signal choisi au préalable en même temps.
dès la réponse donnée, nous allons lui dire « oui c’est ça » : soit par un renforcement négatif (en enlever qq chose = tout lâcher), soit par un renforcement positif (en ajoutant qq chose = au moins "dire merci et sourire"), soit par les deux (on peut faire les deux). Ici, le plus important c’est le TIMING : il faut récompenser une fois la réponse obtenue. Plus vous avez un bon timing, plus l’association se ferra vite dans la tête du cheval et donc plus vite il apprendra.
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B) Le conditionnement classique : remplacer un stimulus « naturel » par un stimulus « neutre »
Le cheval peut faire une association entre deux stimulus.
En fait, il y a deux types de stimulus :
stimulus inconditionnel = un stimulus qui naturellement provoque une réaction de la part du cheval. Exemple : un claquement de chambrière sur le sol - mais JAMAIS sur le cheval (renforcement négatif) ou une récompense alimentaire (renforcement positif)
stimulus neutre = notre voix, notre langage du corps, les aides légères… qui naturellement ne provoque pas de réaction de la part du cheval.
Ainsi, si à chaque stimulus inconditionnel, on ajoute un stimulus neutre, à un moment donné, le cheval répondra à la simple utilisation du stimulus neutre.
exemple : pour trotter en longe, j’utilise le code vocal "trotte" + la chambrière au sol, puis avec le temps, le seul code vocal "trotte" suffira pour faire trotter mon cheval.
L’apprentissage non associatif : l’habituation, la sensibilisation et l'immersion
L'habituation
Avec un apprentissage non associatif, il peut y avoir atténuation d’une réponse comportementale suite à un stimulus : c'est l'habituation.
En fait, avec l’habitation, on va diminuer voire faire disparaitre totalement un comportement non désiré.
Exemple : le cheval réagit en fuyant le spray anti mouche. Après l’habituation, le cheval ne réagira plus du tout.
Comment habituer son cheval à un objet ?
Il faut arrêté le stimulus avant que le cheval ne réagisse. C’est-à-dire qu’il ne faut pas dépasser le seuil de tolérance du cheval.
Au fur et à mesure, le cheval va augmenter son seuil de tolérance et n’aura à la fin plus de réaction à l’approche de l’objet.
La limite avec la sensibilisation
Si on dépasse le seuil de tolérance de notre cheval et/ou si on a un mauvais timing pour enlever le stimulus : on va le sensibiliser. Donc on provoque un apprentissage associatif. Exemple : dès que le cheval aura été sensibilisé, il fuira dès qu’il verra le spray anti mouches…
Attention : Ce type d’apprentissage par sensibilisation se fait dans la peur, puisque le cheval se met en mouvement à cause de la fuite = cela est non favorable au bien-être de son cheval. Donc on évitera de sensibiliser notre cheval à quelque chose qui lui fait peur.
Par exemple, dans le cas de la réponse au stick : on cherchera d'abord à supprimer cette peur (bruit, mouvement, objet en soit) avec l'habituation puis on lui apprendra à y répondre grâce aux principes d'apprentissages associatif.
Habituation ou désensibilisation ?
En fait, avant de désensibiliser, il faudrait sensibiliser (sensibiliser est un apprentissage).
Donc on parlera d’habitation pour les chevaux qui n’ont pas vraiment été sensibilisé. Mais on parlera bien de désensibilisation dans le cas d’un cheval qui a malheureusement été sensibilisé.
Et l'immersion dans tout cela ?
L'immersion c'est surexposition à un stimulus effrayant mais le cheval n’a pas de contrôle sur la situation.
En pratique : on agite un sac jusque le cheval ne bouge plus.
➔ on met l'objet / stimulus, on dépasse le seuil de tolérance du cheval (le cheval bouge, fuit...) ET ensuite on laisse le stimulus jusqu'à ce que le cheval ne bouge plus.
C'est une sensibilisation forcée où l'on apprendrait au cheval à ne pas bouger même s'il a peur en quelque sorte.
On pense à tord que le cheval s’arrête de bouger donc ne craint plus le stimulus : c'est faux d'après les dernières études scientifiques.
En fait, avec cette technique, on pourrait le rendre plus craintif ou apathique, abattu.
L’indifférence aux stimulus et l’apathie = symptômes de la résignation acquise = signe de mal-être.
Débourrage rapide : c’est ce qui se passe = le cheval accepte tout quoi qu’il se passe.
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Appliquer ces théories d'apprentissage dans l'éducation du cheval
Mais en fait, pourquoi il faut appliquer les théories d’apprentissages du cheval dans son éducation ?
On va plus vite et on garde la motivation chez notre cheval
Ne pas provoquer de stress chez notre cheval (et donc conserver le bien-être de notre cheval)
Etre tous les deux en sécurité
A savoir : en pratique, on utilise souvent un peu tout en même temps (haha désolé ce serait trop simple sinon).
Source de cet article : Equipedia, IFCE
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